Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
L’ILLUSTRE MAURIN

— J’ai pris des résolutions nouvelles, Orsini. Les choses pour lesquelles on me poursuit méritent, je le calcule ainsi, plutôt récompense que punition. C’est ce que j’ai résolu de faire connaître à la justice. Je me livrerai donc prisonnier ; on pourra me juger selon la vérité, on m’acquittera, — c’est sûr. Et alors, Orsini, je reviendrai vous dire : Donnez-moi Tonia en mariage, car je l’aime et elle ne me déteste pas, que je crois…

Orsini fît un mouvement que Maurin arrêta d’un geste :

— Mais je ne suis d’humeur à me livrer aux juges que si j’ai d’abord votre promesse. Vous me comprenez ?

— Il est bien temps ! s’écria Orsini. Tu n’es plus un homme contre qui on fait une enquête, et ce n’est plus l’ordre de t’amener qui est lancé contre toi. C’est l’ordre de t’arrêter pour la prison ! Tu n’es plus un prévenu, tu es un condamné.

— Condamné ! dit Maurin pâlissant. Et à quoi, bon Dieu !

— Trois jours de prison, cinquante francs d’amende, dit Orsini. Tu as maintenant un casier judiciaire. Tu es condamné par défaut pour coups et blessures ; le vol d’un chien n’a pas été prouvé.

Maurin paraissait consterné. De la surprise il restait muet et immobile. Tonia également.

— C’est donc pour cela, mon père, dit-elle, que vous paraissez si triste ?

— Triste ! cria Orsini, triste ! pourquoi serais-je triste ? Est-ce que j’ai à être triste pour un malheur qui ne regarde ni moi ni les miens ? Triste, non ; mais indigné, oui ; furieux, oui, qu’un tel homme entre dans