le sol) et l’on se dit : « Ce n’est rien, c’est un écureuil qui fait tomber une pigne ! » La nuit on est trompé facilement, dans la forêt, par le vent, par les ombres, par tout. Alors, Maurin, qui avait entendu la broussaille remuer un peu autour de lui, s’est pensé comme ça en lui-même : « Ce n’est rien ! » Et c’était ce méchant mascaré, ce Grondard, qui, le sachant là parce qu’il l’avait épié, s’approchait avec son fusil… Nom de pas Dieu ! il me semble que je le vois !… Il devait avec prudence avancer d’un pas toutes les cinq minutes au plus ! Tout en un coup, il passe le canon de son fusil à travers les branches de la cabane, mais alors Maurin comprend ce qui arrive… Il empoigne le canon de l’arme et le détourne de lui ; le coup part, et le manque !…
« C’est là qu’il a montré de l’esprit, notre Maurin : il a poussé un grand cri terrible, comme un homme blessé à mort, de manière à faire croire à Grondard que la chose pour laquelle il était venu était faite. Et en effet, le coquin, croyant avoir réussi son coup, a filé vivement, au galop, mon homme ! et bien content sans doute !… Les gens qui ne savent rien ont conté que Maurin, au moment où il a été attaqué, venait justement de décharger les deux coups de son fusil sur les sangliers… Ce n’est pas vrai, comme de juste, vu que les sangliers auraient senti ou entendu venir Grondard s’ils avaient été par là… Et comment, enfoui comme il l’était sous les branches, Maurin pouvait-il se défendre autrement que par cette ruse de tomber en criant : « Ma mère ! je suis mort ! » Il est sorti ensuite, son fusil en main, dès qu’il a entendu son ennemi galoper dans le bois, mais allez donc voir, en pleine nuit, un homme qui court sous les bruyères ! Ça n’est pas possible même en plein jour.