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L’ILLUSTRE MAURIN

mais quel honneur pourriez-vous tirer d’une victoire si facile contre un ennemi vaincu d’avance ?… En un mot comme en dix mille, poursuivit-il en se tournant de nouveau vers les témoins du capitaine, jamais nos deux hommes, dont l’un sait et dont l’autre ne sait pas l’escrime, n’arriveront à se battre à armes égales, quand bien même leurs deux armes seraient d’égale longueur au millimètre et de poids égal au milligramme.

— Où voulez-vous en venir ? grogna le capitaine ; vous ne m’avez pas dérangé pour rien, j’espère ?

— Vous n’avez pas la parole ! dit Pastouré grave comme un chanoine, et dont la haute stature en eût imposé à Rodomont en personne.

— Pour terminer, reprit Maurin, nous demandons à égaliser la partie, et chacun de ces messieurs se battra avec l’arme qu’il connaît le mieux.

— C’est-à-dire… ?

— C’est à dire que le capitaine qui a été longtemps militaire pourra se battre avec son sabre…

— Et l’autre avec un pistolet peut-être ? proféra rageusement l’ancien officier.

— L’autre, qui a été longtemps conducteur de diligence, se battra avec son fouett…

— C’est de l’insolence ! de l’impertinence ! hurla le capitaine exaspéré.

— Permettez ! c’est de la justice, dit Maurin, d’autant plus que (si vous continuez à trouver juste que l’un de vous deux se serve d’une arme dont il ne connaît pas l’usage), nous vous permettons, bien entendu, — à vous, capitaine — de vous battre au fouett.

Le capitaine piaffait de rage.

— Et, poursuivit Maurin tranquillement, pensant que