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L’ILLUSTRE MAURIN

Tous ces messieurs s’entre-saluèrent, Marlusse et le capitaine restant un peu séparés de leurs témoins qui s’abordèrent.

— Messieurs, dit Maurin aux deux témoins du capitaine, je m’appelle Maurin et voici mon ami M. Pastouré, chasseur comme moi. À qui avons-nous l’honneur ?

Les autres se nommèrent : Rompinaz et Cassadan, anciens sous-officiers de dragons, l’un actuellement bourrelier, l’autre épicier et marchand de faïences.

— Messieurs, j’ai été au service dans la marine, dit Maurin, et je suis, d’autre part, prévôt d’armes.

Les deux anciens sous-officiers resaluèrent, militairement cette fois. Maurin et Pastouré touchèrent le bord de leur chapeau. Le capitaine fit de même, et Marlusse le dernier.

— Messieurs, dit Maurin aux témoins du capitaine, voici ce que je suis chargé de vous dire et que je vous prie d’écouter de toutes vos oreilles : mon client n’a jamais tenu un sabre. Je sais bien que, dans les usages du duel, celui des deux adversaires qui sait jouer de son arme ne tient pas compte généralement de l’ignorance de l’autre ; mais, en même temps que gensses d’honneur, nous sommes des gensses de progrès, nous autres, et vous aussi, je l’espère ! — Voilà pourquoi nous avons pensé que vous n’accepteriez pas la responsabilité de mettre en présence d’un adversaire bien armé un homme dont on pourrait, par le fait, dire qu’il est désarmé, vu et attendu qu’il tiendrait son sabre comme une dévote tient un cierge.

— Ceci veut dire ? s’exclamât involontairement le capitaine.

— Vous n’avez pas la parole, dit Maurin présidentiel ;