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L’ILLUSTRE MAURIN

sans que ze puisse me défendre ! Eh bien, pendant qu’en se conduisant de cette manière il se croit courazeux, ze dis, moi, qu’il donne la marque de la plus grande laceté qui soit dans le monde ! — Alors voilà, j’ai pensé que pour me défendre contre son sabre, qui est un instrument dont il a l’habitude, je n’avais qu’à prendre, moi, celui dont j’ai accoutumé le maniement, — et je veux conséquemment me battre au fouett !… Eh bien, il n’y a que toi, Maurin, pour lui expliquer convenablemein la çose et il n’y a que Pastouré pour, sans rien dire, lui faire sentir qu’il m’approuve égalemein.

— Compris ! dit Maurin en riant… Ô Marlusse, tu as un génie qui est bien agréable !

Marlusse regarda Pastouré qui, en silence, étendit le bras droit et leva le pouce de son poing fermé.

Marlusse rayonnait. Clic ! clac ! clac ! le fouet battit la générale et, au bout de quelques minutes, le char quittait la grande route et entrait dans un étroit chemin qui aboutissait au pré de Martin-l’aï.

Au bord du pré, une large allée sous de grands ormes. Un pré artificiel, au bord de la rivière, un pré magnifique comme il y en a peu en Provence !

— Nous sommes les premiers, dit Marlusse. Tant mieux. Attaçons le ceval à l’arbre que voici.

Ils le firent et Marlusse eut tout le temps de donner à ses deux amis les explications suprêmes.

Son adversaire ne tarda pas à arriver, en voiture lui aussi, avec deux témoins, porteurs d’une paire de sabres.

Le capitaine Desacier s’était mis dès la veille à la recherche de deux anciens sous-officiers ; il les avait trouvés au café du village et les avait priés de lui servir de témoins.