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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XIX


Marlusse a le choix des armes.


Maurin reçut asile, cette nuit-là, dans une maison amie où l’accompagna Pastouré.

Le lendemain matin, dans les rues du village, Marlusse, monté sur le siège d’un char à quatre roues, qu’il s’était fait prêter et qu’il promenait pompeusement, tenait en main un grand fouet tout neuf, long et lourd, qu’il maniait avec une habileté extraordinaire. Avec des clic, clac ! des clac et des clic, il rythmait des airs militaires… On reconnaissait très bien La casquette du Père Bugeaud de : Il y a de la goutte à boire là-haut, lequel se distinguait parfaitement de la Retraite.

Il avait mis son cheval au pas, et il était forcé de le maintenir vigoureusement, car ce continuel bruit de fouet impatientait la bête. Elle paraissait goûter médiocrement pareille musique. Les gens et surtout les enfants s’attroupaient, et Marlusse, tout à coup, interrompant Le Chant du Départ, enleva de la fine pointe de son fouet, avec un tour de main incomparable, le chapeau d’un gamin qui le regardait de trop près. Se retournant vivement sur son siège, il lançait aussitôt d’un autre côté la longue lanière, et cela si adroitement que la mèche, s’entortillant autour de la queue d’un chat, le hissa brusquement en l’air effaré et miaulant.