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L’ILLUSTRE MAURIN

— Cassis-cognac ! cria l’assemblée qui avait reconnu un déséquilibré.

— Je veux connaître la plate-forme du citoillien Vérignon. J’ai le droit de l’interroger sur la question de sa plate-forme !

— À la porte ! — Demandez-lui s’il a sa carte ! — Il a perdu la carte ! — Enlevez-le !

Six des plus vigoureux assistants enlevèrent l’interrupteur. Porté à bout de bras au-dessus de leurs têtes et entraîné vers la sortie, il criait à tue-tête, content de l’importance du mot qu’il proférait inlassablement :

— Je vous dis qu’il n’a pas de plate-forme ! Vous étouffez la liberté de conscience et la liberté de la parole. J’ai le droit et le devoir de connaître sa plate-forme !

On le jeta dehors.

M. Vérignon put reprendre le fil de son discours :

— Voici mon programme : loi sur la prison préventive dont on abuse en France. Réduction des pouvoirs des juges d’instruction, de qui dépendent l’honneur et la liberté de chacun. Réforme de l’enseignement. Représentation proportionnelle. Arbitrage international.

« Nous appelons liberté le simple fait politique de pouvoir nommer comme il nous plaît ceux qui font nos lois ; il est facile de comprendre que nous nous contentons de peu si nos lois demeurent ce qu’elles étaient sous la monarchie impériale et si, notamment, elles offrent moins de garantie à la liberté individuelle que les lois de certaines monarchies voisines. Or, cela est. Une accusation en règle suffit à livrer, en France, à peu près sans contrôle, la liberté de chacun au bon plaisir d’un juge d’instruction. Les lenteurs de la