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L’ILLUSTRE MAURIN

Marlusse avait vaincu. L’enthousiasme éclata en tonnerre. Ce fut du délire. Un cri unanime retentit :

— Bràvo, Marlusse ! Vive Marlusse ! — Si on le nommait, lui !

L’esprit populaire du pays s’était exprimé dans sa forme la plus joviale. La candidature unique triomphait.

— Bràvo ! cria Maurin à Marlusse.

— Aux voix, aux voix ! gronda l’assemblée.

Quelques orateurs se succédèrent à la tribune. Ils ne cherchaient qu’à gagner du temps. Ils voulaient laisser se calmer l’émotion soulevée par la comique harangue de Marlusse. Mais enfin (tous le comprenaient), le vent avait tourné, « La candidature unique », ce mot s’entendait de tous les côtés. Les partisans de la candidature multiple se sentirent perdus. Ils se déclarèrent alors partisans de la candidature unique… de Maurin, persuadés que celle de Vérignon était trop sûre de la majorité. Maurin !… Vérignon !… Maurin !…

Les cris qui acclamaient Maurin finirent par étouffer tous les autres.

Maurin se leva.

— Celle-là, voui, fit-il, qu’elle est raide ! Un peu, tout de même, où vous allez !… Vous partez d’une chose et vous arrivez à tout son contraire ! Si vous voulez un candidat unique, choisissez-le pour tout le monde et que vous soyez sûr de votre réussite. Le peuple est comme ça et c’est bien dommage ! Un vent souffle et il tourne, mais il ne tourne pas son intelligence, il tourne sa girouette. Et si je vous disais oui et si vous me nommiez député, c’est celle-là qui empoiserait !… Non !… mais, pour de bon, vous me soyez à