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L’ILLUSTRE MAURIN

M. Rinal poursuivait :

— La République française, la patrie française servent l’humanité, toute l’humanité, — c’est-à-dire le progrès des pauvres hommes qui, ayant quelques années à vivre sur cette terre, cherchent à rendre le globe tout entier de plus en plus habitable pour leurs enfants, en diminuant, — chaque jour un peu, dans la mesure du possible, — la douleur et la misère, en accroissant chaque jour le plus possible le bien-être matériel, en faisant sans cesse un peu plus de justice.

« Chaque génération ne fait que passer, mais l’humanité demeure. Elle se recommence dans vos enfants. C’est pour eux que vous travaillez comme ils travailleront pour les leurs. Voilà ce qu’il faut vous dire. L’égoïsme légitime de l’homme doit lui inspirer le désir de rendre ses enfants un peu plus justes que lui, un peu meilleurs, un peu plus heureux… un peu seulement ! car ni la perfection morale ni le bonheur complet ne sont possibles à l’homme. Choisissez donc pour députés des hommes d’avenir, c’est-à-dire de justice et d’amour, et négligez toute autre pensée, — ou bien vous serez indignes du beau nom de citoyens.

Il s’était tu et rassis qu’on l’écoutait encore. Puis les battements de mains roulèrent en tonnerre. Pendant quelques secondes, les plus vulgaires de ces acteurs étaient montés au-dessus d’eux-mêmes. Un souffle avait passé et éveillé des âmes. Elles retombèrent… et il se fit un tumulte de conversations.

— Celui-là, voui, qu’il parle bien !

— Si on le nommait, lui ?

Cette pensée vint à l’esprit d’un grand nombre simultanément.