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L’ILLUSTRE MAURIN

se heurtait à la Bonté et à la Sympathie comme à des obstacles matériels, inconnus, brusquement dressés devant ses volontés pernicieuses ; ces forces-là l’étonnaient, lui étaient pénibles, insupportables.

Elles contrariaient tout en lui. Qu’était-ce que ces puissances qu’il n’avait jamais rencontrées ? De quel droit le prenaient-elles, voulaient-elles le lier et le conduire à leur guise ? Il frappa du pied ; il se détourna un peu…

— Embrasse ton grand frère, mon petit Bernard. L’enfant alla vers Césariot… qui éclata en sanglots…

Un bien-être entra soudainement en lui ; il ne lutta plus contre tout cet inconnu qui l’assaillait ; de son cœur, qui crevait, sortaient à flots, avec des larmes, la haine, la rancune, l’envie… Et l’amour s’y engouffrait…

— Il est sauvé, dit le vieux docteur, mais qu’il pleure, qu’il pleure tout son saoul et de toutes ses forces. Embrasse-le bien, petit.

Bernard étreignait Césariot le plus fort qu’il pouvait.

— Embrasse-le, répétait M. Rinal, ton grand frère, qui sera toujours un honnête homme, car il a choisi, il choisit en ce moment, pour toujours, d’être un honnête homme.

— Assez ! assez ! sanglota Césariot, assez !

Et on l’entendit qui disait à travers les hoquets convulsifs de sa douleur d’enfant :

— Jamais, jamais encore je n’avais pleuré… c’est le premier coup, le premier coup… (la première fois) ; ne me dites plus rien, monsieur… je ferai ce que vous voudrez. Et j’obéirai à mon frère… et je le protégerai !