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L’ILLUSTRE MAURIN

L’homme était vêtu, en vérité, de sa misère. On eût dit, vivante et mouvante, la loque qui couvrait son lit.

Sous la paille qui emplissait le lit, Lagarrigue prit une bouteille à demi pleine : et sur une étagère étroite, au-dessus de sa cheminée de fonte, deux grands verres.

— Oh ! là ! tu me griserais, dit Maurin, je bois tout juste quand j’ai soif.

L’homme se servit largement.

— Qu’est-ce qui t’amène ?

— J’ai un service à te demander.

— Moi un autre, ça va bien. Qu’as-tu à me dire ?

— Mon fils est chez toi, dit nettement Maurin, mon fils Césariot.

Lagarrigue regarda Maurin :

— Oui ; et alors ?

— Je voudrais le voir.

— Je sais, Maurin, dit Lagarrigue que tu as de l’honneur, et que tu ne me trahiras pas.

— Si je te voulais livrer, je ne viendrais pas te voir.

— Tu connais donc l’endroit où est « notre usine » ? Personne ne s’en doute.

— Si.

— Et qui donc ?

— Plusieurs.

— Par qui la connais-tu ?

— Qu’est-ce que ça te fait ?

— Et où est-ce ?

— Dans la grotte la plus haute de Roquebrune.

— Ah ! diable ! alors il faudra déménager !

— Pourquoi ? ceux qui savent ne diront rien. Tu peux attendre. Quand verrai-je Césariot ?