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L’ILLUSTRE MAURIN

Au nord-est, les dentelures rougeâtres du mont Vinaigre cachent le col de Tende, dont on aperçoit les neiges du haut de Notre-Dame-des-Anges dans les Maures.

Au nord-ouest, les contreforts des Maures qui se terminent brusquement par des roches taillées à pic au pied desquelles est le village de Roquebrune.

Dans ces roches hautes et verticales, s’ouvrent de profondes crevasses, véritables cavernes accessibles seulement aux martinets, aux chats-huants et aux busards.

C’est dans la plus spacieuse de ces cavernes, qu’avaient imaginé de s’installer très pratiquement, à l’abri de tout regard indiscret, les contrebandiers de tabac.

La surveillance de l’État sur la culture du tabac est active et rigoureuse. Le cultivateur doit faire le dénombrement exact de ses plantes que visite, plusieurs fois par an, un inspecteur attentif. On sait que l’amateur de jardins qui désire posséder quelques plantes de tabac ne peut pas en posséder plus de six. On lui en tolère sept.

Lagarrigue s’était fait le chef d’une troupe de contrebandiers de tabac.

Lagarrigue, ancien piégeur à peu près hors de service, attrapait bien encore quelques lapins et quelques lièvres au collet dans les collines de Saint-Aigulf, sur les coteaux des Maures, mais il vieillissait et ses infirmités le retenaient souvent au logis.

Logis bizarre, qui était une ancienne roulotte de bohémiens, comme l’avait dit Saulnier. La roulotte dormait là, comme une épave, presque au bord de la