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L’ILLUSTRE MAURIN

ça dansotte tout le temps ; et pour casser des cailloux, çà me zènerait d’être décoré.

Les gendarmes repartirent bon train.

Maurin reparut.

Saulnier lui conta l’affaire.

— Je te me suis un peu fiché d’euss ! Et maintenant tu comprends, j’espère, pourquoi je ne te disais pas ce que j’avais à te dire ?

Saulnier maintenant ne zézayait plus : il parlait tout bonnement provençal. Il reprit :

— Au lieu d’être les gendarmes à cheval qui arrivaient, il aurait pu se faire que quelqu’un se fût caché par là pour essayer de nous écouter ; et ce qui me reste à te dire n’est que pour toi… Tu connais les contrebandiers de tabac, à Roquebrune ?

— Je sais où ils se retirent, dit Maurin, mais je n’y vais jamais. Tu sais que j’aime à être le plus possible en règle avec l’État. Quand je me mets en faute, c’est malgré moi. Les contrebandiers s’imaginent ne rien voler parce qu’ils volent l’État, mais l’État, s’il les empoigne, les traitera comme des voleurs.

— Voilà pourquoi, avant de te parler d’eux, j’ai consulté tout à l’heure la queue de mon renard et la « figure » de mes perdreaux, dit Saulnier. Eh bien, tu le devines peut-être ?… ton Césariot s’est laissé embaucher par les contrebandiers. Ils avaient besoin d’un homme de plus. Il est avec eux maintenant dans la crotte (grotte) que tu sais.

— Oh ! oh ! je n’entends pas qu’il reste là ! dit vivement Maurin. J’irai le reprendre.

— Je te le conseille… mais, pour y arriver, à la crotte, comment feras-tu ? Tu sais bien comme elle est ?… Il