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L’ILLUSTRE MAURIN

Arrivés près de Saulnier, ils arrêtèrent leurs chevaux. Saulnier, comme s’il ne s’apercevait pas de la présence des gendarmes, cassait consciencieusement des cailloux.

Ses perdreaux s’étaient réfugiés (sa belette aussi) sous le ventre de son renard, mais on voyait apparaître çà et là leurs jolies têtes comme celles des poussins dans les plumes de la mère poule.

— Eh ! cantonnier !

Saulnier releva la tête, à l’apostrophe du gendarme.

— Qu’est-ce que c’est que ces perdreaux-là ?

— Que voulez-vous que je vous dise ? fit Saulnier narquois, des perdreaux, comme vous les appelez, sont des perdreaux, je le calcule.

— Ce n’est pas ça ! dit l’autre, impatienté, du haut de son cheval.

— Comment ! ce n’est pas ça ? dit Saulnier qui voulait se distraire un peu. Alors, mettez que ce sont des bécasses.

— Je veux savoir comment vous êtes entré en possession de ces perdreaux ? De quel droit ? Prendre une nichée de perdreaux, c’est commettre un délit : action de chasse en temps prohibé.

Il se tourna vers Sandri :

— Il faudra aviser à empêcher ces abus, quand vous les rencontrerez.

Il se retourna vers Saulnier :

— Un cantonnier est un fonctionnaire et il doit le bon exemple… Dites-moi, voyons, est-ce que votre chien paie la taxe ? Il n’en a pas l’air ! il a l’air d’un chien vagabond. Il n’a pas de collier.

— Mon chien ne paie pas la taxe, dit Saulnier, parce que c’est un renard. Et c’est plutôt qu’on me devrait