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L’ILLUSTRE MAURIN

m’explique ni mieux ni plus vite, il y a peut-être des raisons pour ça. Si je ne parle pas, c’est que peut-être je ne sais rien de plus — ou peut-être que je ne veux rien dire de plus.

— Je ne suis guère patient aujourd’hui, dit Maurin.

— Regarde mes perdreaux, dit Saulnier.

— Je me fiche pas mal de tes perdreaux, à cette heure !

— Regarde ma belette.

— Je me fiche pas mal de ta belette !

— Alors, regarde mon renard.

— Je me fiche de ton renard !… Pour l’amour de Dieu, dis-moi où est Césariot ?

— Mes perdreaux, ma belette et mon renard me défendent pour le quart d’heure, Maurin, de parler avec toi plus longtemps. Mes perdreaux ont fini par te connaître et il ne se sont pas cachés quand tu t’es approché en me parlant, ni ma belette ; et ma renarde a remué sa queue en reconnaissant, de loin déjà, son ami Hercule, mais en ce moment, mes perdreaux ont de l’inquiétude ! et ma belette aussi, comme mon renard ! Conséquemment, quelqu’un vient sur la route et si c’étaient les gendarmes je n’en serais pas étonné. Si donc tu préfères qu’ils ne te voient pas, suis le conseil de mes perdreaux, de ma belette et de mon renard, et cache-toi, Maurin, cache-toi vivement.

Fier de sa perspicacité et du flair de ses bêtes familières, Saulnier souriait.

Maurin quitta la route et s’enfonça sous un épais fourré. Au bout de quelques minutes, deux gendarmes à cheval apparurent au tournant de la route. C’était Sandri et un brigadier nouveau qui visitaient le pays.