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L’ILLUSTRE MAURIN

lui a pas donné des ordres pareils. On n’arrête pas un homme devant sa mère morte ! »

Heureusement M. le maire parut. Il dit quelques mots aux gendarmes qui se retirèrent.

Et Maurin put ainsi enterrer sa mère tranquillement. Dès que les prières du prêtre furent achevées, Maurin, avec la complicité de tous les assistants, disparut, et Pastouré, éteignant sa lanterne, ramena chez leur maître bêtes et charrette ; puis le lendemain, chez le prince, Thérèse ; et chez M. Rinal, Bernard.

Maurin, pas moins, de nouveau courait la broussaille, et les plaintes en justice contre lui allaient grossissant.

Et, tout seul, Pastouré s’en revenant de Bormes, ronchonnait :

— Que me dirai-je à moi, maintenant ? Ferme ton vieux bec, faisan malade. Imite le lièvre au gîte qui ne dit rien. Le lièvre une seule fois parle : c’est quand il crève. Mais alors il crie comme un rat, sachant qu’il n’a plus rien à perdre, quand même il raconterait tout, tout ce qu’il a vu et tout ce qu’il sait. Nous revoilà chasseurs chassés. Il est tout de même, — des fois qu’il y a — bon comme le bon pain, le bon peuple ! As-tu vu, Pastouré, comme ils étaient prêts, ceux de Cogolin, à défendre Maurin du bec et des ongles ? Et as-tu vu comment a salué le gendarme ? Il saluait à cause de la mort. Et à cause de la mort le peuple devenait bon et brave. Et c’est pourquoi je calcule que la mort est une fameuse chose, puisqu’elle fait ce miracle que le peuple, à cause d’elle, devient brave et bon ; et que, à cause d’elle, le gendarme devient poli. Il a raison, M. Rinal, quand il dit à Maurin qu’il faut aimer la