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L’ILLUSTRE MAURIN

Les rois meurent. Le pape souffre. Le pape meurt. Qu’est-ce que j’éclaire avec ma lanterne ? Rien. Je ne vois jamais qu’un dieu : le soleil, mais je le verrais sans ma lanterne. Ma lanterne ne me montre rien que le soleil ne m’ait montré, et le soleil me montre même ma lanterne !… Voilà enfin le village et voici le prêtre qui vient à ta rencontre, grand’mère ! tu n’es pas loin du seul repos…

Elle en était plus loin que ne le croyait Pastouré. Des gens en foule venaient du village au-devant de Maurin, mais parmi eux les gendarmes, qui avaient reçu des ordres.

À cause du peuple qui l’aimait et qui venait au-devant de sa douleur, Maurin dut faire halte et avec lui tout son monde.

Alors, l’un des gendarmes, ayant salué la morte, dit à Maurin, sans trop s’avancer :

— Maurin, je suis forcé de vous arrêter. C’est pour l’affaire des marais d’Hyères.

Le peuple murmura.

Maurin releva la tête, farouche :

— Aujourd’hui, dit-il, ce n’est pas possible. Demain tant que vous voudrez.

Le gendarme fit mine d’avancer. Mais Maurin :

— Allez-vous-en pour la minute ! que si vous en demandez trop, je cesserai de me commander.

Il avait si terrible mine que le gendarme pâlit, n’osa insister et recula d’un pas.

— Laissez-moi enterrer ma mère, reprit Maurin, d’un ton doux.

Les gens, très nombreux, grondaient contre le gendarme… « Ce n’est pas possible. Il fait du zèle. On ne