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L’ILLUSTRE MAURIN

honnête, hé ? mon brave monsieur ! Quand les filles malhonnêtes nous poursuivent et se veulent faire épouser en jurant qu’elles sont sages, alors contre elles tout est bon, car elles essaient de nous prendre en traître et de nous faire perdre la tranquillité de la vie. Mais ici c’est vous qui cherchez à prendre une femme en traîtrise ! Vous entendez, mon beau pitoua ?… Vous m’avez l’air d’un chaud lapin. Mais dans les mêmes occasions, j’en ai vu refroidir de plus chauds que vous !

Ayant prononcé ces mémorables paroles, Maurin lâcha son prisonnier qui, très pâle, balbutia :

— Ah çà ! que me voulez-vous ? Qui êtes-vous ?

— Ce que je veux ? vous dire ça, pas plus… Je suis Maurin, le père de la fillette. Tenez-le-vous pour dit.

L’inconnu se sauva.

Maurin avait cru faire une allusion bien cachée à l’affaire Grondard ; mais le propos, répété, fut discuté, interprété, et de plaignant en gendarme et de brigade en brigade arriva aux oreilles de Sandri qui s’écria : « C’est l’aveu ! » Les affaires du don Quichotte-paysan se gâtaient de nouveau. Ordre fut donné de l’arrêter. La persécution recommençait. On se garda d’avertir le préfet… On se cacha de Cabissol.

— Il a encore trop parlé, disait Pastouré, parlant tout seul… Quand je vous dis qu’un… soupir de Caboufigue, on peut le retourner contre vous ! Avant de lui laisser sa liberté, regarde autour de toi, si tu es en plein champ, et sous ton lit si tu es couché, car sous ton lit, il pourrait y avoir… qui sait ? un de tes meilleurs amis ! Et qu’est-ce trop souvent que nos amis eux-mêmes ? des gens — pauvre moi ! — qui de vos confidences se font des fusils contre vous !… Vive Bassompierre !