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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE X


Où l’on verra l’humeur batailleuse et justicière du Roi des Maures, et même la moralité du don Juan des bois, mettre de nouveau Maurin en fâcheuse posture vis-à-vis des lois de son pays


Maurin ne fut pas longtemps en paix avec la gendarmerie. De nouvelles aventures ne devaient pas tarder à le signaler encore aux officiers de justice…

Maurin battait avec Pastouré les marais de Fréjus. Ils y firent la rencontre d’un chasseur qui, non loin d’eux, tira et manqua une bécassine, que Maurin très distinctement put voir, après son troisième crochet, filer et se perdre au loin. L’homme, une manière de rustre, vêtu en bourgeois cossu, taillé en hercule quoique pas très grand, avec un front bas et têtu, cria à son chien :

« Cherche ! apporte ! »

— Monsieur, dit poliment Maurin, la bécassine est manquée. Votre chien ni aucun chien du monde ne vous la pourrait rapporter.

— La bécassine est manquée, confirma Pastouré.

— Cherche ! apporte ! répéta le bourgeois à son chien.

— Vous avez là, dit Maurin, une bête magnifique !

— C’est vrai, dit l’autre ; il m’a coûté cher, et je ne le possède pas depuis longtemps ; aussi il ne m’obéit guère. Cherche, Faraud !