Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
L’ILLUSTRE MAURIN

çailles. Seulement comme, au fond, tu es un brave homme et que, mieux qu’un autre, tu connais l’honneur étant soldat d’élite (tu sais que j’ai servi à l’État et que je connais le service), eh bien ! voilà ; fais proprement ton adieu à la fille ; ne porte pas préjudice, par des bavardages de femme et d’inutiles reproches, à la belle et bonne Tonia que voici ; rends sa parole à son père et ne te trouve plus sur mon chemin, mon homme.

Sandri se mordillait la moustache.

— Tonia, dit-il, je vous ai promis de rompre à la première fois que je verrais chez vous quelque chose pour me déplaire : je romprai donc. Il faut pourtant que votre père sache que j’ai pour cela de bonnes raisons.

— Laissez-moi, dit Tonia, le lui annoncer moi-même.

— Alors, dit Sandri étonné quand même, alors c’est fini ?

— Il me le semble, dit-elle.

— C’est bon, gronda le gendarme. Adieu, Tonia. Je ne te crois pas autrement coupable et je t’engage à ne pas le devenir… Cet homme-ci pourrait te mener loin, et faire ton malheur, Tonia. J’en aurais pour toi de la peine. Songe — je crois qu’il en est temps — qu’un jour ou l’autre il se fera encore quelque mauvaise affaire et que, mariée, tu finiras par regretter le gendarme, quand cet autre t’aura fait bien voir le bandit qu’il est véritablement.

— C’est assez de paroles, Sandri, s’écria Maurin avec impatience. Quittons-nous maintenant. Allez à vos affaires.

Le gendarme le regarda fixement.

— Je sais ce que je sais ; je te rattraperai, Maurin, mon ami.