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L’ILLUSTRE MAURIN

comme un Caboufigue. Que demande-t-il, ce Noblet ? Qu’on travaille et que, dans le monde entier, on souffre moins de misère… Pour des hommes comme ça, oui, on irait à pied au bout du monde ! mais les autres, je les vomis. Je les vomis, je vous dis, je les ai sur l’estomac. La bêtise du monde est une bêtise bien grosse et la canaillerie du monde une grosse canaillerie. Il faut choisir les bonnes têtes et il faut crever les mauvais ventres. L’égoïsme n’est que ventre. Crève cette boufigue, Maurin ! Elle rendra son âme avec un petit bruit, vu qu’un Caboufigue porte son âme dans son ventre, comme de juste.

Pastouré ne se trompait pas : Maurin, ce jour-là, courait vers son ennui.

À peine Tonia était-elle venue le rejoindre à la cantine du Don, que Sandri entra à son tour. Ayant vu passer Maurin à la Londe-des-Maures, dans la carriole d’un poissonnier qui se rendait au Lavandou, il l’avait suivi. Lorsque Tonia aperçut le gendarme :

— Sors, dit-elle à Maurin, sors bien vite par la petite porte.

— Toute réflexion faite, pourquoi sortirais-je ? dit Maurin.

Et il se leva pour recevoir le gendarme.

— Bonjour, brigadier Sandri.

— Je ne suis pas brigadier.

— C’est juste. Si tu l’étais tu serais marié déjà, puisque c’est la condition que t’impose le père de Tonia, que tu sois brigadier pour qu’il t’accorde sa fille. Tu n’es pas brigadier, donc tu n’es pas marié. Et alors de quel droit viens-tu te plaindre ? Est-ce en qualité de fiancé ? Mais tu ne seras jamais brigadier : autant rompre les fian-