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Meurtrissant son âme meurtrie :
« Il faut renier ta patrie,
Ton roi, criaient-ils, et ton Dieu ! ».
« Non ! » répond-elle, faible et forte,
Et du cachot passant la porte,
Sublime, elle se livre au feu !


Avec tous ses rayons, ta gloire
Ici nous apparaît, enfant !
Ce n’est point ta longue victoire,
Reims, ni le sacre triomphant ;
C’est de faire pâlir ces traîtres,
D’effrayer ces bourreaux, tes maîtres ;
D’avilir leur orgueil brutal ;
Par ta mort ta vie est complète !
C’est un triomphe, ta défaite !
Ton bûcher, c’est un piédestal !


Tout est consommé : le supplice
L’a prise à la face des cieux ;
Son grandiose sacrifice
S’efface des cœurs oublieux.
Avec son échafaud s’écroule
Le souvenir, — et de la foule
S’éteint la honte et le remord ;
Sur ces cendres, nulle statue,
Magnifique, ne perpétue
Cette existence et cette mort !