Page:Aicard - Jésus, 1896.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il leur dit : « De quoi donc parliez-vous en marchant ?
Et pourquoi semblez-vous si tristes, pauvres hommes ? »
« Tristes, lui dirent-ils, tristes, oui, nous le sommes ! »
Et le son de leur voix était grave et touchant.

« Es-tu donc tellement étranger à la Ville,
Que tu ne saches pas notre malheur récent ?
Jésus de Nazareth, un prophète puissant,
Depuis trois jours à peine est mort d’une mort vile.

« Les sacrificateurs, les docteurs de la Loi,
Nos magistrats, l’ont tous condamné. Quelle honte !
… Mais, toi, reste avec nous parce que la nuit monte…
Inconnu, nous aimons à causer avec toi. »

Or, depuis un instant, leurs paroles funèbres
Retombaient sur leur cœur, dans la nuit, lourdement ;
Un deuil affreux venait sur eux, du firmament ;
En eux, comme autour d’eux, tout n’était que ténèbres.