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cette stupidité hurlante qui exaspère à l’égal d’une insulte, il passait les trois quarts du temps à faire la sieste en son fauteuil, le reste à ricaner tout seul sans que l’on pût savoir pourquoi, à se frotter les mains, à pouffer bruyamment, la tête secouée des hochements approbatifs d’un petit gâteux content de vivre »… Dans ses propos, dans ses actes, il péchait contre les règles les plus élémentaires de la politesse et de la bienséance : « Trois heures, annonça le père Soupe, qui avait les belles digestions des gens de conscience immaculée : je vais aller faire mes petits besoins ! » Un jour, de la cuvette commune dont ses compagnons se servaient pour se rincer les doigts, il s’était servi pour se laver les pieds, prenant le bureau pour un établissement de bains !… « Soupe avait courte la rancune, s’il avait l’irritation lente et le soleil du lendemain le retrouvait fidèle au poste, rasséréné, rasé de frais, satisfait de lui et des autres. Entre les trous de sa cervelle, les mauvais souvenirs passaient sans laisser trace, comme passe de l’eau à travers un tamis ».

La démence sénile se distingue nettement de la paralysie générale qui a des caractères tout spéciaux et que nous allons voir présentement.


Paralysie Générale.


Sous le terme de paralysie générale, on entend, non pas une maladie, mais une affection à évolution lente, progressive et fatale, qui survient sous des influences pathogènes prolongées et généralement combinées ; qui se traduit par le développement progressif de troubles démentiels constants, de troubles délirants fréquents et de désordres ataxiques, et qui est déterminée anatomiquement par des lésions diffuses, par une méningo-encéphalite. Les symptômes psychiques sont un affaiblissement de l’intelligence caractérisé par des idées délirantes, absurdes, mobiles, illogiques, incohé-