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ai-je conçu le projet de l’étudier tout au long, avec ses effets et ses causes, en un ouvrage d’une haute portée philosophique, fruit de mes réflexions (filles elles-mêmes de mes longues veilles), et intitulé : « Le Daltonisme Mental ». Le vent de folie qui souffle de toutes parts prend naissance dans un quiproquo, dans le malentendu survenu entre la Nature qui commande et l’Homme qui n’exécute pas, entre les intentions bien arrêtées de l’une et l’interprétation à rebrousse-poil de l’autre… »

Puis subitement, sans agression, sans causes apparentes, il menace le commissaire de son revolver. Sa manie de voir des fous partout se révèle comme en plein jour : « Je n’aime pas les fous ! Le fou, c’est mon ennemi d’instinct, c’est ma haine, c’est ma rancune ! La vue d’un fou suffit à me mettre hors de moi, et quand je tiens un fou à portée de ma main, je ne sais plus, non, je ne sais plus, de quoi je ne serais pas capable ! » Il prend le commissaire pour un fou furieux. Tirant la lame de sa canne à épée, il l’oblige à éteindre le feu de la cheminée, quoique l’on soit en plein mois de janvier, sous prétexte que la nature, — qui seule et toujours à raison — exige que l’homme ait chaud l’été et froid l’hiver ; à ouvrir la fenêtre, parceque la nature ordonne que, l’hiver, l’homme soit exposé à mourir de congestion pulmonaire, phtisie galopante, pleurésie, pneumonie, et autres ; à le faire mettre pieds nus et finalement à l’enfermer dans un placard à charbon ; puis il s’en va tranquillement, après avoir lancé par les espaces libres des tas de procès-verbaux, de pièces à légaliser, des cartons pleins de paperasses et de dossiers…


VI. Psychoses organiques. — Démence Sénile.


La démence sénile, que nous allons étudier maintenant, résulte non de la vieillesse elle-même, qui est un état physiologique, mais de la sénilité, état pathologique fait d’usure cérébrale et suscep-