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la stéréotypie des gestes, des mouvements, des attitudes, du langage, du souvenir, et la fixation automatique d’une représentation dans l’esprit du malade.

La forme hébéphrénique, que nous allons voir maintenant est constituée, d’après Masselon, par « des états de dépression et d’agitation caractérisés par des troubles délirants polymorphes, extrêmement confus, sans tendance à la systématisation, à base d’hallucinations ou d’interprétations délirantes et accompagnées de confusion et d’imprécision dans les idées qui, le plus souvent, évoluent vers la démence complète et incurable ». La première période de la démence précoce à forme hébéphrénique est signalée par de la céphalée, de l’insomnie, de l’inquiétude, de la tristesse, des impulsions. À la période d’état, le délire est caractérisé par l’imprécision, le vague et la mobilité des conceptions, l’importance et la multiplicité des hallucinations. Il est formé d’idées variées de grandeur, d’énormité, de persécution. Ce qui domine surtout, c’est la bizarrerie des attitudes, des tics, des grimaces ; celle du langage, à la fois prétentieux, insolite et incohérent, mais surtout l’apathie, l’indifférence alternant avec une tendance aux impulsions, à la fugue, à la violence[1]

Courteline nous offre à étudier un cas de démence précoce à forme hébéphrénique à la période d’état, dans la personne de Floche[2]. Celui-ci, nous le savons par le témoignage de sa femme qui vient se plaindre au Commissaire, ne boit pas, n’a pas eu de fièvre typhoïde ni de coup de soleil, et ses antécédents héréditaires, au point de vue alcoolisme, épilepsie ou aliénation mentale sont négatifs, mais cela n’empêche qu’il ne fasse rien comme personne, qu’il tienne des discours auxquels on ne comprend goutte, qu’il accomplisse des actions sans devant ni derrière autant dire… Il passe ses nuits à causer tout seul, à combiner je ne sais quoi,

  1. B. Régis, loc. cit., pp. 371, 372.
  2. G. Courteline : Le Commissaire est bon enfant.