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POESIES DIVERSES.


I.
Vers faits à seiz’ans
A M. DE RONSARD.


Cette vertu, Ronsard, hautement emplumee,
Ce Pegaze sur qui ta dextre renommee
A desfait l’ignorance à la pointe des vers,
Qui fait qu’aux quatre bouts de ce large univers
Du Canibal sans loy jusques au Scite estrange
Je n’entans que Ronsard, Ronsard & sa louange,
Ce nom qui sur tout nom tyrannise fameux
Me fit un jour le sang bouillonner escumeux,
Sourciller, soupirer, me fit de collere yvre
Deschirer dix feillets, les premiers de mon livre.
Je disois mutiné, de ta gloir’ envieux :
Qu’ay-je fait aux neuf Sœurs, qu’ay-je fait aux neuf Cieux
Qui ne m’ont accordé dominant ma naissance
D’un Mercure assendant, d’un soleil l’influance,
Un quint ou trisne aspect en la Maison d’honneur ?
Que ne fut mon destain d’honneur pour tout bonheur,