Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

188 LE PRIMTEMS DU SIEUR D’AUBIGNE. _______________________________________________________________

Et alors le triste soleil
Obscurcit le feu de son œil
Quand le deuil d’une epesse nue
Oste la terre de sa vue.
Le teint de Cibelle est plus beau
Aux rays du soleil son flambeau.
Apollon n’a sa face belle
Qu’en voiant sa chere Cibelle :
De tous deux les feux, les amours,
Font des deux les clairs & beaux jours.
Quand la riche et belle Cibelle
Montre sa face riche et belle.
Apollon clair est bienhureux
Qui de Cibelle est amoureux :
Cibelle belle est bienhureuse
Lorsque d’Apollon amoureuse,
Elle voit le feu, l’or et l'œil
De son cher, cler et beau soleil.
Jamais donq’ ne vienne l'autonne
Qui toutes les fleurs ébourgeonne
Et jamais ne puisse arriver
Le frilleux, le facheux yver,
Mais tousjours un printemps fleurisse
Qui tant de fleurs epanouisse ;
L’un et l’autre soit contenté
Des fleurs d’un éternel été.
Toutefois en yver encore
Le soleil Cibelle redore,
Apollon faict de sa clarté
D’autonne et d’yver un été.
Que jamais la nuict tenebreuse
De leur bien ne soit envieuse,
Mais tousjours le clair et beau jour
Soit amoureux de leur amour !