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ODES 183.

De mes feuz, commettes mouvans,
De mes humeurs sont les nuages,
De mes soupirs viennent les rages
Des esclairs, des fouldres, des vans :

Il pleut comme vous pouvez voir,

Des excremens de ma tristesse.
Ce n’est pour couvrir mon devoir,
Ne pour m’excuser de promesse,
Qu’il m’est force de demourer
Privé du bien de vostre veuë
Tant que j’aye crevé la nuë
Et que je sois las de pleurer.

En pleurant il me semble mieux

De m’excuser & vous escrire :
Je ne veux vous monstrer les yeux
Que rians pour vous faire rire,
Mes pleurs me deplaisent dequoy
Ilz nuisent à vostre mesnage,
Mes larmes vous portent dommage
Et vous nuisent assez sans moy.
XXXI.

La douce, agreable Cybelle

Du doux Avril se faisoit belle.
Esmaillant de mille couleurs
Et embaumant de mille fleurs
Et de mille beautez descloses
D’oielletz cramoisis & de roses
Un verger d’amour en son sein,
Et pilloit de sa blanche main
Sur l’Esté, sur Ceres l'heureuse,
L’espic, la glenne planteureuse,