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ODES 163.

Et tant de propos odieux
Se banderont pour ma deffence.
C’est cela qui fait que je pence
N’avoir pas beaucoup d’envieux.

Je n’epeluche point la vie

De ma desloyale ennemie,
Les ruses de ses jeunes jours,
L’impudence de sa jeunesse.
Et son renom point je ne blesse
Pour escrire [ici] ses amours.

Je ne me plains pas de grand chose,

Seulement d’une rage enclose
Elle mesdit pour se jouer,
Mentant & flattant elle cause
Et diffame ceulx là sans cause
Qui mentiroient pour la louer.

Parmy les vertueuses croissent

Ses vices, & plus nous paroissent
Aisés à voir et clairs à l'œil
Soubz les beautez qu’elle frequente.
Car la charogne est plus puante
Tant plus on la met au soleil.

Je dis qu’elle n’en suit encore

La troupe qu’elle déshonore
De ses vices & de ses moeurs,
Parmi les vertus vicieuse
Où elle se fait venimeuse
Comme un serpent entre les fleurs.

Je dirois bien qu’elle ruine,

Qu’elle tuë de medecyne
Ses germes, & que plus d’un coup
Trompons aprés estre trompée
E1l' a en jument eschapee
Donné un coup de pied au loup.