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ODES 155.
Ceste justice au ver de terre
- A permis de faire la guerre
- A celuy qui le va foulant.
- Moy je ne veux que la parolle
- Pour chastier un peu la folle
- Qui ne m’a fasché qu’en parlant.
Mon Dieu, quelle cruelle injure
- Cette petite creature
- Trouva aprés un bon repas !
- Soulle, yvre comme une chouette,
- Elle dit que j’estois un poete,
- Et je dis qu’elle ne l'est pas.
Mais encore luy veux j’aprendre
- Au moins, s’elle peut le comprendre,
- Comment on doibt nommer chacun.
- Et quant par le mestier on nomme
- Plus tost que par le nom un homme,
- Que ce soit pour le plus commun.
Je n’ay pas tousjours fait des carmes.
- J’ay esté soldat, homme d’armes,
- Enfurché sur un grand courcier
- Qui estonnoit tout un village.
- Tu me pensois plus d’adventage
- De gendarm’ ou arquebusier.
Puisque j’ay doncq' gaigné ma vie
- Pauvre soldat de compaignie,
- Tu pouvois, sans m’injurier
- D’une si trés piquante injure,
- Me baptiser, petite ordure,
- Argolet ou arquebouzier.
II eust esté plus convenable
- Faire d’une escurie estable,
- Et me reprochant le fumier
- De nostre royalle escurie,