Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

154 LE PRIMTEMS DU SIEUR D’AUBIGNE.

La plume, les jeux, les chansons
D’un poete, d’un amant, d’un chantre.

Lisez, prenez, enflez des trois,

Muses, Nymphes & vous Echos
Des bois, des pretz, & des rocs.
Les vers, les larmes & la voix.
XVIII.

Il te fault oublier, ma plume,

Et ta nature & ta coutume,
Et fault maugré toi desguisant
Ceste douceur acoutumee.
En bruire une ode envenimee
Du bref yambe medisant.

Car tu n’espancherois ton yre

Mesdisant que sur le mesdire,
Dessus la fureur ton despit,
Dessus le lion ta prouesse.
Dessus le renard ta finesse
Et ton venin sur un aspit.

Je me desplais quant par contrainte

Il fault que ma peine soit teinte
Au sang d’un venimeux serpent,
Comme celuy qu’un crapaut fache,
Quant des piedz la teste il luy cache,
Il s’envenime en le crevant.

Pourtant si je hay le mesdire,

Ce n’est pas, mesdisante, à dire
Que tu mesdies impunement :
On medit en louant le vice,
Celuy qui blasme la justice
Il mesdit aussi, car il ment.