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ODES 147.

Et la clarté de ton œil
Et tes temples encheries
De feuz & de pierreries
Feront cacher le soleil,

Car deux soleilz, ce me semble.

Ne sauroient regner ensemble.
Si d’un accord gratieux
Tu ne prens icy ta place
Pour laisser luire de grace
Le blond Apollon es Cieux.

J’entens fraper à la porte

Ton bien aimé qui t'aporte
Le mot, l'effait d’un bon jour :
Avecq’ ce bon jour, mignonne.
Il ne ment point, il te donne
Les fruitz d’himen & d’amour.

Io ! telle vermeille honte

Ton beau visage surmonte
Que les clairs nuages ont
Quand ilz meuvent de leur place.
Pour avoir feu face à face
Du soleil l'or & le front.

Dieux ! que de beautez doublees,

Que de vertus acouplees,
Amant, cent fois bien heureux,
Possedant telle maitresse !
O bien heureuse Deesse
Possedant tel amoureux !

Cependant que la journee.

Est au combat destinee.
Aux tournois, au bal, aux jeuz
Et à tout bel exercice
Ennemy mortel du vice,

Fi du repos paresseux !