Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134 LE PRINTEMS DU SIEUR D AUBIGNE.
- Beau feu, dans ce beau sein tiens les flammes enclozes.
- Malitieux Amour qui de lis & de rozes
- M’apreste la mort en riant.
- IX.
- Bergers qui pour un peu d’absence
- Avez le cueur si tost changé,
- A qui aura plus d’inconstance
- Vous avez, ce croi’ je, gagé,
- L’un leger & l’autre legere,
- Á qui plus volage sera :
- Le berger comme la bergère
- De changer se repentira.
L’un dit qu’en pleurs il se consume.
- L’autre pence tout autrement,
- Tous deux n’aiment que par coutume.
- N’aimant que leur contentement,
- Tous deux, comme la girouette,
- Tournent poussez au gré du vent,
- Et leur amour rien ne souhaitte
- Qu’à jouir & changer souvent.
De tous deux les caresses feintes
- Descouvrent leur cueur inconstant,
- Ils versent un millier de plaintes
- Et le vent en emporte autant ;
- Le menteur & la mensongere
- Gagent à qui mieux trompera !
- Le berger comme la bergere
- De changer se repentira.
Ils se suivent comme à la trace
- A changer sans savoir pourquoy :
- Pas un des deux l’autre ne passe