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124 LE PRIMTEMS DU SIEUR D’AUBIGNE.

Par quelques essors de mes cris.

Car hors de vous quand j’ay envie

Sans languir d’esteindre ma vie,
La sauver des feux des amours,
Mon sang se rapaise tousjours.
Mais autant de fois que j’essaie
D’apaiser le sang de ma plaie,
Mon sang verse de mille endroits,
Verse ma vie autant de ois.
III.

L’astre qui reçoit sa lumière

Et n’a tousjours la force entiere,
Qui prend des javelotz ferrez
Et de la chasse ses delices,
Et qui reçoit pour sacrifices
Cent & cent taureaux maffacrez,

Ceste grand’ lumiere seconde

S’apelle l’autre ame du monde,
Tesmoigne au front sa pureté :
Sa face délicate & franche
Ne reçoit couleur que la blanche
Pour tesmoing de sa chasteté.

Je voy’ sa blancheur qui efface

Les lis cuillés en vostre face
Et le pasle teint argentin
Qui se peult comparer encore
Au ciel blanc, premier que l'Aurore
Ait fait incarnat le matin.

Ceste blancheur là est la preuve

De la pureté qui se treuve
En vostre sein, en vostre sang,