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TROISIEME LIVRE


ODES.


I.

L’horreur froide qui m’espouvente.
L’effroy qui mon sang a chassé
Du lieu où il fut amassé,
En ma rage plus viollente
Prive de leur force mes yeux,
Et en tarissant ma parole
Espend la glace qui m’affole
Aux pointes de tous mes cheveux.
Ma raison à mon heur contraire
Courbe le col soubz le fardeau
Et ne me cherche qu’un tumbeau
Et un couteau pour me deffaire.
Il est temps de céder au sort :
Puisque le sort veult que je meure,
Je veux estancher à ceste heure
L’aspre soif qu’il a de ma mort.
J’ay trop essuié mon desastre,
J’ay trop le malheur esprouvé
Puisque je n’ay jamais trouvé