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Qui en sa main feneante
Traine une parolle lente,
Quant je prononce le vers
Qui vient d’une humeur gaillarde,
Il se sourit, il se regarde
Et n’entend que de travers.

Tantost il branle la teste
Et puis long-temps il s’arreste
Sur le mot le plus aisé,
Il coule le difficile,
Il remarque & fait l’abille,
Le dous, le bien avisé.

Mon filz, je te feray preuve
De pere, si je te treuve
Captif d’un de ces vilains,
Et, fust il suivy de quatre,
A la charge de me battre,
Je t’hosteray de leurs mains.

Que je souffre qu’on te lise
Comme une prose d’Eglise,
Sans me jetter à travers !
Non, j’aime mieux qu’on m’assomme :
Puis je croy qu’un vaillant homme
Ne sauroit mal lire un vers.

Ces sots bronchent à toute heure
Sur la rime la meilleure
Et le vers le mieux polly ;
Enfin toute leur sentence
Ce sera que Monsieur pence
Que cela est bien jolly.