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qu’il fasse, un descendant à la quatrième génération de M. Guizot, un doctrinaire[1]. »

Impitoyable dans sa critique des systèmes communistes, M. Proudhon croit avoir trouvé la solution des difficultés qui nous occupent dans l’organisation du crédit et de l’échange. Il faudrait, pour exposer son système, plus d’espace que je n’en ai ici, plus de temps que vous ne voudriez m’en accorder. Disons seulement que le système de M. Proudhon repose sur des bases scientifiques, et nullement, comme une formule imprudente l’a pu faire croire, sur une négation aveugle et passionnée de la propriété. Conséquemment il y aurait sottise à prétendre le réfuter en quelques paroles et sans descendre, ainsi qu’il l’a fait lui-même, jusqu’aux fondemens de l’ordre social.

Reste à examiner le socialisme des hommes d’Etat, celui qui sera, qui est déjà le vôtre, j’en suis certain, quoique vous n’en ayez pas conscience encore peut-être. Celui-là n’est ni une secte, ni une utopie, ni même un système. C’est une conviction réfléchie, née de l’étude, appuyée sur l’histoire ; c’est une vue politique qui constate dans les progrès de la civilisation une protestation de plus en plus énergique et victorieuse de la liberté contre la nécessité, de cette affirmation que les hommes appellent providence, contre cette négation qu’ils appellent fatalité.

Les socialistes que je désigne ici n’espèrent point l’entière extinction du mal ; mais ils pensent qu’il doit devenir l’exception et non la règle de nos destinées sociales. Considérant l’effort soutenu par lequel en France, par exemple, la classe bourgeoise a su se racheter de la fatalité qui l’enchaînait et conquérir une à une toutes les libertés, ils affirment que l’invincible logique des choses entraîne avec elle l’affranchissement du Peuple, qui vit encore assujetti à des conditions

  1. Proudhon, Système des contradictions économiques.