LETTRES RÉPUBLICAINES.
I.
À FRANÇOIS D’ORLÉANS,
Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous. Étranger par position et par inclination, autant que par principe, à tout commerce avec la royale maison à laquelle vous appartenez, si je n’ai reçu d’elle aucun bienfait, je n’ai non plus à me plaindre d’aucune injustice subie. Nul sentiment personnel, ni de haine, ni d’amour, n’influence mon jugement sur ce règne de dix-sept ans que nous venons de voir si brusquement finir. Je n’ai d’engagement d’aucune sorte avec aucun parti. Dans ce vieux monde que mènent les intérêts, les préjugés, le calcul et les convenances factices, j’ai su garder toujours l’indépendance attristée, mais inflexible, d’un solitaire.
Souffrez donc que je vous parle aujourd’hui comme je ne l’eusse point fait au temps de vos prospérités, comme personne, peut-être, ne le saurait faire encore ; souffrez que je vous adresse des réflexions qui viennent de m’être suggérées par une publication imprudente et par votre protestation à l’Assemblée nationale. À défaut de l’autorité que leur donneraient le talent et l’expérience qui me manquent, ces