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IV.

À PROPOS DU PRINCE LOUIS BONAPARTE.


À M. P.-J. Proudhon
18 Juin 1848.

« Le Peuple a voulu se passer cette fantaisie princière qui n’est pas la première du genre ; et Dieu veuille que ce soit la dernière ! » (Le représentant du Peuple du 14 juin 1848.)

Que de raison dans votre ironie, Monsieur, et quelle sérieuse tristesse je devine sous ce persiflage ! Hélas oui ! le Peuple a des fantaisies, des boutades, des caprices. Ni plus ni moins que les rois absolus, il s’ennuie parfois de sa grandeur et se jette dans l’extravagance. Ses flatteurs l’y encouragent, ses ennemis l’y poussent, ses amis, trop indulgens, le suivent au lieu de le retenir. Les peureux de tous les régimes et les courtisans de tous les règnes ont si bien prodigué, en ces derniers temps, l’adulation et l’hyperbole au nouveau souverain,