Page:Agoult - Lettres républicaines.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’organisation du travail de Louis Blanc ? Bien téméraire qui le tenterait aujourd’hui ! De longues discussions, des débats pacifiques formeront peu à peu sur ces matières, j’en ai la certitude, une conviction générale, qui se manifestera en amenant au pouvoir les hommes capables de la faire passer dans les lois. Mais, jusque-là, combien il est insensé, combien il serait coupable d’entraver par des impatiences turbulentes le progrès régulier des institutions républicaines ! Ces institutions, et je compte en première ligne l’unité du pouvoir, la présidence, ne favorisent aucunement la dictature. La volonté du peuple, incessamment consultée, est et demeure le principe générateur de la République. Mais, encore une fois, cette volonté n’a d’autre mode de se révéler que la majorité des suffrages. Hors de là, il n’est que trouble, confusion, arbitraire, violence.

La majorité se prononce pour la présidence. Elle reconnaît l’avantage de ce pouvoir unique appuyé sur l’Assemblée, conseillé, surveillé par elle. Le bon sens public approuve une combinaison qui concilie l’inspiration soudaine du génie individuel avec les heureuses lenteurs de la raison collective.

J’ose demander à votre grand esprit de ne point abandonner au hasard d’une opinion encore flottante les autres dispositions du plan si vaste et si simple qu’il a conçu. L’assentiment donné par la commission à plusieurs de vos idées vous y engage. Et, d’ailleurs, ne le sais-je pas ? vous ne consulterez ni vos goûts ni vos convenances, à l’heure où le pays réclame votre concours, quand ce peuple que vous aimez, auquel vous avez voué votre génie, a plus que jamais besoin qu’on l’éclaire.