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faut des Cagliostro, des Mesmer, des Alexandre Dumas. Mais passons.

Après avoir fait appel, au nom de la minorité, à la douceur, à la prudence de la majorité, on change de ton et l’on menace : « L’admission d’un seul homme au Pouvoir exécutif, l’établissement d’une présidence unique, serait, affirme-t-on, le signal d’une guerre civile. » Erreur profonde ! aveugle prophétie de colères présomptueuses ! Sans croire aucunement que l’unanimité soit le seul gouvernement possible, j’estime trop haut le bon sens de cette minorité à laquelle on prête des sentimens si peu patriotiques, pour m’abandonner à de telles craintes, et je ne saurais admettre une minute qu’un président, élu contrairement à l’instinct de quelques uns par la volonté réfléchie du plus grand nombre, dût être contraint de se faire dictateur, et que tout dictateur dût être forcé de marcher dans le sang. Non, non, ce sont là des épouvantemens puérils, nés peut-être dans d’excellens cœurs, mais qui ne trouvent nul accès dans les intelligences saines. À l’aide de ces menaces chimériques, on exige de la majorité qu’elle transige avec la minorité, qu’elle essaie de faire vivre et agir ensemble tous les élémens divers de l’opinion républicaine. C’est, en effet, le but, et un but sacré. Mais les politiques auxquels je réponds ici connaissent-ils d’autre moyen d’y parvenir que la soumission momentanée de la minorité à l’opinion de la majorité constatée par la permanente épreuve de l’élection ? Nous apprendront-ils laquelle de ces minorités diverses, dont ils revendiquent les droits, on devrait consulter pour être certain de rencontrer l’expression vraie de cet instinct sans formule, de cette inspiration divine, que chacun de nous est parfaitement autorisé à sentir dans son propre cœur ?

Quelle transaction juge-t-on possible entre ce qu’un illustre écrivain appelle l’utopie romanesque de M. Cabet et le plan inachevé de Pierre Leroux, par exemple ? Conciliera-t-on aisément la banque d’échange de M. Proudhon avec