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ressentimens, rapproche les partis ! Combattez par tous les moyens la fausse prudence qui prolonge les châtimens. Demandez, arrachez à celui que le suffrage masculin va donner pour chef à la République, une sage, une magnanime amnistie.

Par ce mot magique, si vous l’obtenez des puissans du siècle, médiatrices bénies, vous rachèterez le passé, vous éclairerez l’avenir. L’histoire vous gardera une mémoire reconnaissante et dira que le premier acte de la fraternité nouvelle fut l’œuvre du sexe que Dieu a voulu faible dans la guerre et la haine, mais intrépide, infatigable, invincible dans le dévoûment.

Femmes françaises de tous rangs, de toutes conditions, de tout âge, tendons-nous la main pour la plus sainte des ligues. Riches ou pauvres, humbles ou puissantes, n’ayons qu’un cœur pour souhaiter la paix, qu’une voix pour implorer la clémence, qu’une parole pour enseigner la fraternité.

De la mansarde au palais, du château à la chaumière, du berceau de l’enfant à la tombe de l’aïeul, que partout où veille la piété d’une femme, un écho attendri renvoie à nos époux, à nos fils, à nos frères, la prière unique, le mot sauveur : amnistie ! amnistie ![1]

  1. Je m’aperçois, en terminant cette lettre adressée aux femmes, que j’ai laissé tomber le masque viril. Je ne le reprends pas. Il me semble qu’il étoufferait ma voix et qu’il dénaturerait mon accent de suppliante.