pas, qui reconnaît les principes pour en détourner les conséquences, commit faute sur faute. Au lieu de s’interposer avec sagesse dans la querelle des peuples et des rois, d’établir un arbitrage suprême, de contenir l’impatience des uns par une protection efficace, et d’éclairer les autres de façon à leur arracher à temps les concessions utiles, l’Assemblée, en proie à des idées de conquêtes au moins intempestives, ne songea qu’à menacer le Danemarck, la Hollande, l’Italie et n’organisa d’autre unité en Allemagne que l’unité militaire, satisfaite d’avoir en quelques mois remis un cadre de 900, 000 hommes à la disposition d’un archiduc d’Autriche. Par cette faute immense et par toutes celles qui en furent le corollaire inévitable, l’Assemblée perdit au bout de très peu de temps la confiance du pays. Elle tomba dans un discrédit analogue à celui où la diète germanique qu’elle remplaçait avait achevé sa triste carrière. Aujourd’hui l’Assemblée de Francfort isolée, sans autorité morale, ne représente plus la nation : l’opinion publique lui retire sa force ; le pouvoir central ne peut plus désormais que prolonger et compliquer la lutte.
On l’accuse, à l’heure où je vous écris, d’encourager en Prusse les tentatives coupables du roi pour ressaisir le pouvoir absolu. Là aussi, quel que puisse être le succès accidentel, dût Berlin succomber comme Vienne dans ses efforts héroïques, l’issue finale n’est pas douteuse. Éteinte dans le sang sur un point donné, la flamme révolutionnaire éclatera plus intense sur un autre. Les baïonnettes seront lassées avant les poitrines, le canon avant le tocsin.
Vous vous rappelez la convocation des états-généraux à Berlin, le 11 avril 1847. Par cette condescendance aux vœux du peuple, le roi de Prusse semblait vouloir entrer dans des voies libérales et le parti constitutionnel, composé d’hommes éminens de la noblesse et de la bourgeoisie, se flattait de parvenir sans trop de peine à organiser l’État prussien, sur le modèle des gouvernements représentatifs de l’Angleterre ou de la Fran-