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LETTRES RÉPUBLICAINES.

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XV.

À M. A.-L. MAZZINI.



Ahi ! serva Italia…


22 octobre.


Italie, Italie, fière outragée, debout ! n’entends-tu pas là-bas, au lointain horizon, par delà les monts et les eaux, par delà les plaines et les forêts, sur les rives dévastées du fleuve éperdu qui mugit, des cris, des hurlemens, des clameurs ? N’entends-tu pas le choc du glaive, le grondement du canon, le râle des mourans, le hennissement des cavales sauvages, et l’appel strident du clairon, et la voix lugubre, obstinée du tocsin qui se croisent et se défient dans l’air ?…

Ce sont les fléaux de Dieu déchaînés ; ce sont les hordes barbares, les races exterminatrices qui se ruent les unes sur les autres ; ce sont les oppresseurs qui s’entre-égorgent aux lueurs sinistres de l’incendie. C’est la couronne de fer qui se brise et vole en mille éclats !

Debout, debout, défaillante Italie ! Le courroux céleste, l’ire toute-puissante t’a suscité d’étranges libérateurs ! Mystère impénétrable des conseils divins ! Les enfans d’Attila vengent l’outrage des fils du Dante !

Quelles espérances ne devez-vous pas concevoir, mon noble ami, vous dont l’intelligence suit d’une vue si ferme l’accomplissement du dessein providentiel sous les hasards et les contradictions apparentes de l’événement humain ! Que