prudence restrictive à certains égards des principes de liberté et d’égalité consacrés dans le droit commun.
Votre éloquent génie a tout récemment entouré cette vérité d’une évidence éclatante, lorsqu’à propos d’une Chambre unique vous avez fait vos réserves pour l’avenir, ne jugeant que l’opportunité, l’utilité relative, la nécessité politique enfin. Eh bien ! ces mêmes considérations militent, à mon avis, et plus fortement encore, en faveur de l’élection par l’Assemblée.
À quoi servirait, en effet, que la Constituante eût proclamé la République, si elle n’assurait la durée de nos institutions en remettant elle-même, dans la plénitude de sagacité dont elle a donné tant de marques, la première magistrature chargée de les défendre, aux mains d’un citoyen éprouvé ?
On objecte que le Président, élu ainsi par les délégués du peuple, n’aura pas à beaucoup près la même autorité morale que s’il tenait le pouvoir du suffrage direct et universel.
Prise d’une manière absolue, je ne fais aucun doute que cette considération ne doive déterminer à l’avenir le mode d’élection du chef de l’État. Mais relativement à l’heure présente, sa force est très atténuée par ce seul fait que l’Assemblée constituante est d’une nature tout exceptionnelle : qu’elle tient de son origine et de sa mission des pouvoirs infiniment plus étendus, un caractère plus auguste que toutes les Assemblées qui lui succèderont ; tandis qu’au contraire la masse des électeurs, tiraillée en tous sens par les inquiétudes d’une crise révolutionnaire, divisée à l’infini, parce qu’aucun lien politique n’a eu