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se tiennent pour assurés de l’élection populaire au point de menacer l’Assemblée d’une invasion napoléonienne, dans le cas où elle prétendrait retenir le droit de nommer le président de la République.

Qu’y a-t-il de réel au fond dans ces appréciations si contradictoires ? Hélas ! je vous le disais tout à l’heure, une ignorance politique dans les masses, et par suite une crédulité, dont toutes les ambitions remuantes se flattent de tirer parti.

L’Assemblée nationale qui a bien conscience de ce que présente de critique et d’anormal un tel état de choses, l’Assemblée qui a juré au Peuple de fonder la République, va délibérer sur le meilleur moyen de concilier l’intérêt du pays avec le droit acquis du suffrage universel. Elle va examiner la question de savoir si le président devra être élu par la masse entière des électeurs ou seulement par cette élite choisie au lendemain de Février dans un premier élan de patriotisme, et qui représente avec une fidélité si parfaite, dans leur expression la plus élevée, toutes les espérances légitimes de la nation.

Les esprits les plus judicieux semblent hésiter sur ce point. Quant à moi, vous l’avouerai-je, au risque de me trouver avec vous en dissidence complète, la question ne me paraît presque pas douteuse.

Dans les circonstances tout à fait extraordinaires où nous sommes placés, en butte à des factions irritées qui s’efforcent d’égarer l’esprit public encore inaffermi, la raison d’état doit primer les considérations philosophiques et commande une