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XIV.

ÉLECTION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.


À M. de Lamartine.
5 octobre.

La nomination du président de la République occupe en ce moment tous les esprits. Question de principe et de personne, elle intéresse au plus haut degré non seulement la prospérité et la tranquillité publiques, mais encore l’honneur national. Cette première épreuve solennelle de la souveraineté du peuple, si elle n’apportait à l’Europe curieuse et défiante un témoignage éclatant de notre maturité, resterait sur nous dans l’histoire comme un signe ineffaçable de confusion.

Je sais que votre fier génie, ne voulant point souffrir de supposition contraire à la vertu du principe démocratique, demeure à cet égard dans une sécurité parfaite, et n’admet pas que le bon sens français puisse, en des circonstances si importantes, ni dévier, ni tomber en proie aux artifices des factions.

Je souhaiterais pouvoir partager votre confiance ; mais, bien que le suffrage universel soit à mes yeux comme aux vôtres la base nécessaire de la société démocratique, bien