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déposséder de son héritage ; il songe à son fusil rouillé ; il va le faire mettre en état. Sa femme, plus effrayée encore, rassemble autour d’elle ses enfans et leur dit : Soyez sages ; voici les communistes ; persuadée, dans la simplité de son âme, que les méchans guettent l’heure où sa vigilance s’endormira, pour lui ravir ces chers objets de son angoisse et de son amour.

Eh bien j’affirme qu’en un tel état de chose, aussi longtemps que le pays ne sera pas rentré dans une sécurité complète à l’égard de ces deux intérêts moraux et matériels, la famille et la propriété, tant que le fantôme du communisme se dressera devant les imaginations, il n’y aura aucune progrès possible dans les voies de la liberté et de l’égalité. Nous reculerons plutôt que d’avancer vers l’inconnu. L’appréhension et l’horreur de l’anarchie nous rejetteront dans le despotisme.

Mais qu’y a-t-il à faire, aujourd’hui que le mal est si profond, pour ramener l’esprit public à la confiance, et par suite à l’amour des institutions démocratiques ? Tout le contraire de ce que vous faites.

Il faudrait vous séparer au plus vite, nettement, formellement, des inventeurs de systèmes, des utopistes, des sectaires, et vous arracher à l’influence des énergumènes qui soufflent dans vos cœurs aimans le venin de leurs passions haineuses. Il faudrait vous rapprocher de ces hommes de sens et de génie qui ne briguent point la popularité, qui ne s’offrent point à vos ovations, mais que la cause du Peuple a toujours trouvés prêts au sacrifice. Il faudra témoigner par