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direction, plus que cela, le gouvernement absolu de vos affaires.

Ces influences fomentent en vous un esprit d’hostilité aveugle et impatient qui ne veut plus compter ni avec le temps, ni avec les hommes ; or, qu’est-ce que la politique ? C’est précisément l’art de marcher dans les voies du progrès selon la mesure et le rhythme de la Providence, c’est à dire en calculant les résistances légitimes et le contrepoids nécessaire des choses établies.

Je voudrais vous voir comprendre davantage la nécessité pour vous d’acquérir ce sens politique. Confians, et à juste titre, dans la pureté de vos intentions, dans votre dévoûment, dans votre courage, voyant avec quelle facilité vous triomphez, à certains jours, des rois et des aristocraties, vous vous persuadez que c’est là tout. La science des barricades est à vos yeux le nec plus ultra de la science sociale. De là des fautes sans nombre, dont la plus considérable, à mon avis, consiste à laisser subsister, s’aggraver même d’heure en heure, le malentendu élevé depuis le mois de mai, entre vous et le gouvernement du suffrage universel ; malentendu fatal qui sépare votre cause de la cause républicaine ; qui l’abaisse, qui l’amoindrit, cette grande cause, aux proportions d’une faction ; qui vous travestit, vous, le cœur de la nation, vous, sa force et sa prospérité, en instrumens de partis, en artisans de désordre, en séditieux, en rebelles.

Les ambitieux, les brouillons, les fauteurs de guerre civile, se servent de vous pour prolonger nos troubles intérieurs,